Hommage à tous les professionnels du végétal.

La Mycorhize : C'est quoi ? leur rôle.


Du grec μύκης, mykès : champignon,
et de 
ῥίζα, rhíza : racine ;
la mycorhize est une association symbiotique c'est à dire 
une association biologique, durable et réciproquement profitable,
entre deux organismes vivants ;
en l'occurrence dans le cas des orchidées,
avec un champignon.
Nous connaissons des mycorhizes et en profitons
dans nos assiettes comme la truffe.
Des études assez récentes ont démontrées que les mycorhizes
sont courantes voir systématiques et couvrent toutes la surface
du sol de nos forêts, prairie pas trop fumée par exemple.
D'après certains,
elles auraient également la capacité de " relier " les plantes
entre elles grâce au réseau d’hyphes qu’elles créent en entrant
en symbiose (en anglais : wood‑ wide‑web).
 
Cependant,
toutes les mycorhizes ne conviennent pas à toutes les plantes
et sont spécifiques à tel ou tel végétal qui ont besoin de souches
de champignons bien particulières, adaptées :
- Les éricacées
   bruyères, rhododendrons, azalées, piéris, myrtilliers, arbousiers
   forment des mycorhizes éricoïdes avec des champignons
   spécifiques ;
- La plupart des conifères qui forment des ectomycorhizes ;
- Le noisetier, le tilleul, le charme, le chêne rouge d'Amérique,
  les pins, et le châtaignier, qui forment eux aussi des mycorhizes
  du même type que celles des conifères (ectomycorhizes) ;
  et enfin, ce qui nous intéresse particulièrement, 
- Les orchidées qui forment des mycorhizes endomycorhiziennes
  orchidoïdes caractéristiques.


Trois grands types de mycorhizes :

Selon les différentes associations entre plante et champignon,
les mycorhizes sont classées en trois groupes :
1/ Les ectomycorhizes, 5% des mycorhizes
2/ Les endomycorhizes, 80% des mycorhizes
3/ Les ectendomycorhizes, 10% des mycorhizes
   (comportement mixte entre ectomycorhizes et endomycorhizes).
Mais vous me direz qu'il nous manque 5% ;
et bien les 5% restant sont des plantes naturellement non
mycorhizées vivant dans des sols très pauvres (racine protéoïdes)
ou dans les zones très humides (tourbière, marécage).


1/ Les endomycorhizes,
du grec endo, dedans et mycorhize
représentées uniquement par le groupe
(division) deGlomeromycètes ce trouvant
uniquement sur les racines.
Il existe plusieurs types d’endomycorhizes,
les plus courantes sont :


1.1/ Mycorhize à arbuscules






Arbuscule de Glomus développé
dans une cellule racinaire         
photo : Brundrett MC.              


1.2/ Mycorhize à pelotons intracellulaires ou orchidoïdes,
  impliquent des Basidiomycota en symbiose avec les Orchidaceae,
  y compris les orchidées épiphytes qui contrairement aux idées reçues
  pendant longtemps étaient considérées comme non mycorhizés.
  nota : une équipe brésilienne effectue des recherche pour définir
  où se trouve le champignon et son rôle dans la mycorhize.
  Les hyphes(1) du champignon
  pénètrent à travers la paroi
photo: Jean-Paul Berger grossissement x600.
Gros plan sur une cellule occupée par
un peloton mycélien.
  des cellules à l’intérieur des
  cellules superficielles du cortex
  racinaire en repoussant la
  membrane plasmique
  sans la franchir.
  La paroi des hyphes est en
  contact direct avec la paroi
  de la membrane plasmique sans
  la traverser et forme
  des pelotons pour augmenter
  la surface de contacts.          
 

photo : Jean-Paul Berger grossissement x300.
Amas mycéliens à la surface de la racine (1),
pelotons mycéliens dans les cellules (2)




                              














1.3/ Mycorhize éricoïde,  
    impliquent des Basidiomycota
    (basidiomycète)
    et Ascomycota en symbiose
    avec les Ericales.
    Les hyphes forment des pelotons
    dans des racines de faible
    diamètre.


  Endomycorhizes éricoïdes.



2/ Les ectendomycorhizes,
du grec ἐκτὸς, ektos : en dehors
de ἔνδον, éndon : dedans.
Les ectendomycorhizes est un type de mycorhize
possédant à la fois des ectomycorhizes,
où les hyphes forment un manteau (ou manchon) fongique
autour de la racine et des endomycorhizes,
avec le développement d' haustoriums(2) endocellulaires,
pénétrant le cortex en se plaçant entre les cellules
sans jamais passer la paroi cellulaire,
ils forment alors ce que l’on nomme le " réseau de Hartig ".

2.1/ Mycorhize arbutoïde
quasi similaire à l'endomycorhize
éricoïde et ectendomycorhize,
implique des Basidiomycota
(Basidiomycète).
ces champignons développent un fin manteau
autour de l’extérieur de la cellule,
puis un réseau étendu de hyphes entre
l’épiderme et les cellules corticoïdes
de la racine,
connu sous le nom de réseau de Hartig.
Et enfin, une bobine intra-cellulaire,
donc à l’intérieur des cellules corticales des racines
de la plante.
Ces trois caractéristiques sont uniques à la mycorhize arbutoïde.
de plus,
ces champignons ne forment pas seulement des réseaux mycorhiziens
arbutoïdes avec des plantes de différentes familles,
mais peuvent aussi développer deux structures mycorhiziennes
complètement différentes en fonction de la plante avec laquelle
ils vont s’allier.

Endomycorhizes arbutoïde.


2.2/ Mycorhize monotropoïde,
mycorhizes formées entre les végétaux 
appartenanaux Monotropaceae(3)
(plantes non chlorophylliennes)
et des basidiomycètes.
Elles possèdent un manteau compact
composé de plusieurs couches
et un réseau de Hartig qui
se présente uniquement au niveau
des cellules épidermiques. 




3/ Les ectomycorhizes,
le mycélium(4) entoure les racines 
d'une plante sans pénétrer à
l'intérieur,
formant un manchon ou
manteau fongique autour
de la racine et des hyphes.
Le réseau formé s'insère
entre les cellules corticales
périphériques pour
former le réseau de Hartig.

ce type de mycorhize colonise environ 5% des plantes
vasculaires terrestres et ne nous concernent pas vraiment.
Il s’agit essentiellement d’arbres et arbustes représentés
par quelques familles de plantes ligneuses,
- les Pinaceae
(pins, mélèzes, épicéas, sapins etc.),
- les Fagaceae
(hêtres, chênes, châtaigners),
- les Betulaceae
(bouleaux, aulnes, charmes,
    noisetiers),
- les Salicaceae
(saules, peupliers),
- les Tiliaceae (tilleuls),
les Juglandaceae (noyers),
- les Citaceae,
- les Myrtaceae (eucalyptus).
On estime qu’il y a environ 6.000 espèces de champignons
ectomycorhiziens dans le monde,
elles font toutes parties des divisions des Ascomycota ou des Basidiomycota.

Section radiale d'ectomycorrize du réseau de hartig
à travers les hyphes ramifiés en forme de doigt.


zw = paroi cellulaire
zk = noyau cellulaire
hy = hyphe
hm = membrane de l'hyphe
hw = paroi de l'hyphe
mt = mitochondrie
pm = membrane plasmique




Récapitulatif en schéma :
Source: Agronomie
Halle et al., 2008










 


(1) Hyphe :
Filament constitutif du mycélium(4)
des champignons supérieurs
et des lichens.

(2) Haustorium :
Sorte de suçoirs des racines des plantes parasites.

(3) Monotropaceae :
famille des Éricacées,
plantes plus ou moins succulentes,
saprophytes ou parasites, sans chlorophylle.

(4) Mycélium :
Partie végétative des champignons,
formée de filaments souterrains ramifiés,
généralement blancs, et sur laquelle croîtront les carpophores,
ou champignons au sens usuel du mot.




Rôle des mycorhizes :

- Augmentation des approvisionnements
  en eau aux plantes.
Les mycorhizes optimisent les échanges hydriques entre le sol
et les plantes,
cela s’avère très utile lors des saisons sèches.
Lors de cette période,
les mycorhizes permettent d’accroître les surfaces
d’absorption des racines de la plante.
Les mycorhizes régulent également la concentration
de la pression à l’intérieur des racines augmentant ainsi
la pénétration de l’eau.

- Facteur de libération hormonale.
Les mycorhizes augmentent la surface d’échange racinaire,
favorisant l' absorption des éléments minéraux.
Grâce à l’action simultanée de l’acide indole-3-acétique
et des auxines élaborée par le champignon,
on observe un apport massif en sels minéraux aux plantes ;
Résultat,
intensification de la production des hormones végétales,
qui favorise le développement des plantes.

- Action préventive sur les plantes.
La croissance des micro-organismes est contrôlée
par le complexe mycorhizien.
Ce dernier est producteur de certaines molécules antibactériennes.
Ainsi, il défavorise le développement des agents pathogènes
des plantes et limite les infections.
Même si les bactéries nuisibles réussissent à se développer,
la membrane des mycorhizes constitue une barrière quasi
infranchissable et neutralise ou diminue les attaques contre
les végétaux.

- Action de protection au sol.

Une bonne moitié de plantes sont calcicole grâce à l'action
de la mycorhize (symbiocalcicole) qui sans elle
seraient calcifuge, hormis les plantes naturellement calcicole,
sans mycorhize.
Comment !
les parties de la racines qui sont vivantes ne sont pas en contact
du sol soit ;
parce qu'elles sont entourées d'une sorte d'écorce pour les vieilles
racines,
soit ; 
dans le cadre de l' ectomycorhize.
les jeunes racines sont entourées d'un manchon de champignon,
de ce fait, les cellules superficielles vivantes ne sont pas en contact
avec le sol.
Dans le cadre d'une endomycorhize,
la raison de cette protection est la production d'oxalate C2O42−
par le champignon ;
l'oxalate étant formé de deux
acides organiques,
deux fonctions acides organiques
double anion (charge négative)
le calcium (Ca++) se fixe sur l'oxalate

et précipite sous forme de cristaux (photo ci-dessous).



Un exemple parmi tant d'autres.











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