Hommage à tous les professionnels du végétal.

PHYSIOLOGIE :






Les Masdevallia sont des orchidées sympodiales à rhizome,
sans aucun organe de réserve,
donnant des touffes plus ou moins importantes.

Ce sont des plantes :
- épiphytes (vie sur les branches d'arbre
  par exemple) ;
- terricoles, terrestres (vie au sol dans
  un milieu très léger voir de la mousse) ;
- rupicoles ; vie sur les rochers.


La fleur :
La fleur est d'une symétrie bilatérale,
avec un seul axe qui fait d'une moitié
de la fleur l'image miroir de l'autre,
elle se dit zygomorphe.
Hermaphrodite (à la fois mâle et femelle),
la fleur se décline dans des couleurs et formes
très variables ; piquetée, striée, unicolore, bicolore,
tricolore et de taille variable.
Les sépales se terminent toujours
par des queues (appendices) de longueur variable,
voire pratiquement inexistantes.
Il faut savoir que ce ne sont pas les pétales,
très petits, que l'on voit, mais bien les sépales,
qui donnent la forme de la fleur.
Le labelle, quant à lui,
est une déformation d'un des trois pétales.




La fleur peut être odorante ou non,
parfois même d'une odeur fétide (Masd. colossus).
L'inflorescence peut être :
- solitaire (une seule fleur puis la hampe dessèche).
- successive solitaire (plusieurs fleurs sur la même hampe
   mais la floraison se fera de manière successive,
   la hampe séchant par la suite).
- simultanée (plusieurs fleurs en même temps sur la hampe puis dessèchement).




Le labelle :
Le labelle est libre ;
cela est du à une excroissance incurvée au pied du gynostème
jouant le rôle de charnière,
sans pour autant être systématiquement oscillant.
Il peut être en une partie appelé hypochile,
ou en trois parties appelées,
hypochile pour la partie haute,
mésochile pour la partie centrale
ou replis 
et épichile pour la partie basse.

Le labelle peut être mellifère, lisse ou d'aspect poilu,
dentelé ou verruqueux.
Il comporte en son centre un callus.
Il est aussi varié en couleur et forme 
que les Masdevallia le sont.
La forme du labelle est un critère en taxonomie
pour pouvoir classer les Masdevallia.





























Le rhizome :
Servant également d'organe de réserves chez la plupart
des plantes à rhizome,
permettant une période de latence (hiver par exemple) ,
ce rôle chez les Masdevallia est inexistant, ou presque,
vu sa taille et leur mode végétatif.

Pour bien comprendre :
Nous savons qu'en botanique la définition d'une tige est la suivante:
- organe dressé (donc à géotropisme négatif) qui croît à l'opposé de la racine.
Elle porte des feuilles et des bourgeons,
ces derniers pouvant évoluer en rameaux ou en fleurs.
La tige, ramifiée ou non, est toujours le support des feuilles et des fleurs.
En terme morphologique, la tige est également appelée axe.
Mais dites moi,
n'est ce pas là une définition qui convient à notre rhizome ?
Mais oui !
Le rhizome n'est ni plus ni moins (tout comme chez l'arbre),
une tige, certes souterraine, mais une tige tout de même.


Chez les Masdevallia, le rhizome définit
le développement de la plante:
- rhizome compact très peu traçant,
  formant des touffes plus ou moins compactes
  (la plupart des Masdevallia),
- rhizome de développement en échasse
  (comme pour Masd. ignea)
- rhizome traçant ou rempant (comme pour Masd. racemosa)




Feuille :

Feuille simple lancéolée ou un peu plus ovoïdale
à nervure médiane condupliquée (un pli longitudinal),
pétiolée, unicolore et sans trichome.
Limbe en lame
continue, à marge entière,
de longueur et largeur variables de quelques centimètres
(Masd.anachaeta),
à plus de 20 cm (Masd. colossus).
De couleur vert brillant,
elles sont généralement couvertes d'une cuticule cireuse,
et sont d'une épaisseur variable.
La longueur de la tige et du pétiole est très variable
donnant quelquefois l'illusion de feuilles très grandes (Masd. coccinea).





L'annulus :

Rôle de l'annulus :
Son rôle n'est pas vraiment défini.
L'annulus est existant sur les genres 
plus complexes comme les Pleurothallis.
C'est de là également que se développe
la hampe florale.
C'est également une zone d'abscission.


POURQUOI LES FEUILLES ÉPAISSES :

Dr. Ir. Kronenberg (Traduction d'un texte de L. Busschot)
L'épaisseur des feuilles est l'un des critères sur lequel se base M. Luer
pour séparer les Dracula et les Masdevallia.
Pourquoi certains Masdevallia ont-ils des feuilles épaisses ?
Pour trouver une réponse à cela,
il faut retourner plusieurs millions d'années en arrière,
lors des grands changements climatiques et particulièrement
pendant la dernière période glaciaire.
Les Masdevallia qui poussent maintenant entre

1700 et 2000 mètres poussaient,
ainsi que les arbres qui leur servent d'hôtes,
plus bas dans la vallée amazonienne entre 200 et 300 mètres.
A cette époque non seulement la température était différente,
mais les précipitations avaient diminué.
Le froid permet rarement l'ascension de l'air chargé d'humidité

et de ce fait il pleuvait moins.
A coté de cela les montagnes forcent l'air à monter ce qui explique
que leurs versants sont plus humides que les plaines.
Les Masdevallia habitués à un climat humide se sont adaptés
à un environnement plus sec en développant un cuticule plus épais.
Une autre adaptation très efficace fut leur respiration.
En général les plantes métabolisent le CO2 pendant la journée
tout en relâchant de l'oxygène et de l'eau.
Elles régulent l'évaporation de l'eau en ouvrant ou fermant

leurs stomates en fonction de la quantité d'eau présente.
Mais si les plantes ne se dessèchent pas aussi rapidement,
leur croissance est plus lente puisqu'elles ont moins de CO2
à leur disposition.
Les Masdevallia s'adaptèrent aux nouvelles conditions

climatiques en ouvrant leurs stomates la nuit,
seul moment où l'humidité était plus importante.
Le CO2 présent était temporairement transformé en acide

malique et stocké dans les cellules des feuilles.
Ce n'est que pendant la journée que l'acide malique aidé

par l'énergie solaire était transformé en sucre
(photosynthèse des plante CAM, pour Crassulacean
Acid Metabolism = métabolisme acide des Crassulacéens).
Pour que le pH au sein des cellules ne soit pas trop modifié,
il a fallu que la plante en augmente le nombre,
ce qui explique l'épaisseur des feuilles des Masdevallia.
L’inconvénient principal de cette respiration est son manque
de productivité puisqu'elle a un rendement de 1% de la respiration diurne.
Ce qui semble vouloir dire que les Masdevallia ont survécu
au détriment de leur vitesse de croissance.
Tous les Masdevallia n'ont pas des feuilles épaisses
mais ceux qui en possèdent croissent moins difficilement
que les autres.
Car dans les vallées amazoniennes, durant la période glaciaire,
le boisement n'était pas uniforme :
il existait des endroits boisés, certains ressemblaient aux savanes,
tandis que d'autres étaient désertiques.
Ces adaptations leur restèrent lorsque les températures devinrent
plus clémentes et qu'ils reconquirent les flancs des montagnes.
Il est un fait presque certain,
ces modifications sont apparues après plusieurs périodes glaciaires.
On sait que ce phénomène naturel
apparaît de façon cyclique et que chaque période
contribue à une meilleure adaptation à la sécheresse.
Il est difficile d'établir les conséquences de tout ceci
sur la culture des Masdevallia car :
- Nous ne savons pas à partir de quel taux d'humidité les plantes
   changent leur façon de respirer ;
- Toutes les espèces ne procèdent pas à ce changement
   au même degrés d'hygrométrie.
Il est certain que les Masdevallia à feuilles épaisses,
de par leur respiration nocturne,
ont un développement plus rapide que les autres
dans une atmosphère plus ou moins sèche.
Si l'on ne sait pas à quel moment les plantes sont passées
au système moins productif d'absorption du CO2,
il est préférable d'attendre la fin de la journée pour les arroser.

Cependant,
des études récentes sur la photosynthèse d'orchidées du Costa Rica 
et du Panama ont démontré une photosynthèse en 
C3 et non CAM,
et remettent en cause les conclusions ci-dessus.
   
Voir Pleurothallidinae en CAM ou C3 : 

Explication CAM ou C4-C3
Voir métabolisme CAM ou C4-C3  : 





Le gynostème :
Le gynostème (ou colonne),
supporte les organes sexuels mâles (anthères),

avec la masse pollinique femelle (le stigmate).
L'ovaire uniloculaire est localisé sous le périanthe*
et est donc infère, il contient, à maturité,
de très nombreuses graines minuscules sans réserve.
Avant d'en arriver aux graines,
la masse pollinique est déposée par un insecte
sur la surface stigmatique où il pourra germer.






















*Périanthe : enveloppe florale complète,
comprenant le calice (les sépales)
et la corolle (les pétales).




1 commentaire:

Merci pour vos commentaires.
N'hésitez pas à poser vos questions j'y répondrais avec plaisir.